Deuxième jour dans les ruelles de Katmandou, avec plusieurs passages à Durbar Square, gigantesque place cernée par des temples ; on y est bien sur accosté par des Népalais voulant gagner un peu d’argent en vendant des sacs, du baume du tigre, des amulettes, des statuettes en bronze, en se proposant comme guides, ou harcelé par des pseudo-sadhus prêts à donner leur bénédiction ou poser pour un cliché contre quelques roupies. On finit par s’habituer…
Bois sculpté
Il est vrai qu’il y a encore peu de touristes et les esseulés constituent des proies appétissantes, susceptibles de procurer un revenu décent assez rapidement. Ayant éconduit ce petit monde, je me suis installé un peu en retrait de la place, sur les gradins d’un temple dédié à Shiva, près d’un des très vieux édifices de la vallée, le Kasthamandap – un temple tout en bois qui aurait près de 1.000 ans. L’endroit est entouré de vieilles maisons « newar ».
Les newar sont un peuple du Népal (moins de 10 % de la population). Ils ont laissé au pays une architecture superbe. Des maisons et des édifices religieux de briques, construits au Moyen Âge, subsistent encore dans la vallée de Katmandou. Groupées autour d’une cour ou d’une grande place, elles abritent des échoppes au rez-de-chaussée, et les pièces d’habitation et de réception aux étages supérieurs.
Les ouvertures sont des fenêtres sculptées, souvent rondes ou ovales, protégées pour certaines par des treillis de bois afin de garantir l’intimité. Sur la place, le bas de certaines habitations était occupé par des marchands d’épices. Difficile pour nous d’avoir un avis sur la qualité des produits, la justesse du prix, mais les Népalais passent en revanche beaucoup de temps à observer, questionner, discuter avant de conclure la transaction…
Les ventes ne sont toutefois pas nombreuses. Les propriétaires des échoppes occupent leur temps à lire les dernières nouvelles dans le journal, à discuter, ou s’offrent une petite sieste près de leur étal. Les gradins du temple, quant à eux, sont envahis par des marchands de légumes et de fruits.
Le divin Ganesh est né !
L’endroit est très passant, d’autant qu’un autre lieu de culte est installé à une autre extrémité de la place ; le temple de Maru Ganesh, minuscule mais l’un des plus importants de ceux dédiés aux dieu éléphant dans la vallée.
Petite histoire de Ganesh : né d’illustres parents (Shiva et Parvati), il a hérité de sa tête d’éléphant sur le tard. En rentrant d’un très, très long voyage, son père Shiva, parfois coléreux et violent, a surpris Parvati au lit avec un jeune homme. Son absence avait été longue et il n’avait pas réalisé que son fils avait pu grandir. Il n’a donc pas pensé un seul instant qu’il pouvait être sous les draps avec sa mère… Fou de rage, il lui a tranché la tête.
Triste méprise qu’il a dû réparer en redonnant à son fils la tête du premier être vivant qu’il a croisé… et c’était un éléphant ! Il était né, le divin Ganesh ! Il est toujours très vénéré car il est censé apporter intelligence, sagesse et prospérité. Beaucoup de Népalais viennent lui rendre hommage dans ce petit temple. Un marchand de bougies est installé juste en face et les offrandes sont nombreuses.
Marchands ambulants autour de Durbar Square
C’était un plaisir d’observer tout cela, mais j’ai fini par décoller de l’endroit pour reprendre ma marche dans les rues. De Durbar Square, part une rue très commerçante. Se succèdent les vendeurs de saris, de couvertures, de quincaillerie, de bijoux. Pas de trottoir, la chaussée appartient à tous, piétons, vélos, rickshaws… Beaucoup de marchands ambulants aussi, qui proposent des sacs, des flûtes, des balais, de la nourriture. Les boiseries des échoppes sont souvent peintes de couleurs très denses, parmi lesquelles le bleu et le vert dominent.
Petit crochet par les ruelles où s’entassent les vendeurs de bracelets de verre et de perles. Partout de la couleur, avec des produits soigneusement disposés, dans des espaces très réduits, pour le plaisir des yeux !