Séoul est proche de la Corée du Nord. J’ai eu envie d’aller voir la zone démilitarisée. Voila qui demande un petit décodage : la zone démilitarisée (DMZ) divise la Corée du Nord de la Corée du Sud, endroit où se tiennent les pourparlers entre les deux pays, quand il y en a…
Garder la main sur Séoul
Les deux parties sont séparées depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Les Américains présents dans le pays ont dessiné une ligne fictive sur le 38e parallèle, supposée être une ligne de démarcation entre les endroits où les troupes américaines et soviétiques surveilleraient les Japonais ; le nord pour les Soviétiques et le sud pour les Américains, qui souhaitaient garder la main sur Séoul.
Pendant trois ans, les Américains ont instauré un gouvernement militaire dans le pays. Les Soviétiques quant à eux ont installé Kim Il Sung – le futur dictateur fou du pays – comme ministre de la Défense.
Petit à petit, deux gouvernements bien différents sont nés. Les Russes se sont retirés dès 1948, les Américains en juin 1949. L’année suivante, le Nord a lancé une offensive sur le Sud et Séoul est tombée en trois jours. Évidemment, les Américains ne l’entendaient pas de cette oreille. Ils se sont retrouvés en guerre avec la Corée du Nord, qui a finalement été repoussée au-delà du 38e parallèle.
Démocratie récente au sud
Après la guerre, il y avait au pouvoir des dictateurs au nord comme au sud ! Et ce n’est qu’en 1992 qu’un civil a gagné des élections au Sud et a commencé à bâtir une démocratie – c’est donc très récent. Six ans plus tard, un de ses successeurs a tenté de démarrer une politique de réconciliation avec le voisin du nord, qui connaît toujours des hauts et des bas – plutôt des bas en ce moment.
Un parc naturel pour la DMZ ?
De Séoul, on rejoint en un peu plus d’une heure la DMZ. C’est une bande de 4 km de large, qui s’étend de la Mer jaune à la Mer du Japon sur un peu plus de 240 km. Un no man’s land que certains aimeraient transformer un jour, s’il y a résolution du conflit, en parc naturel car la faune et la flore s’épanouissent librement sans la présence humaine.
Arrêt à Panjumon où soldats nord et sud-coréens se font face à quelques dizaines de mètres les uns des autres. Ils restent des heures immobiles à s’observer, semblant prêts à intervenir au moindre battement de cil.
Les Sud-Coréens, casque vissé sur la tête, ont les jambes un peu écartées et les poings serrés. Entre ces soldats, un baraquement des Nations Unies. C’est là que doivent avoir lieu les rencontres éventuelles entre les personnalités politiques des deux pays et les émissaires internationaux. L’atmosphère est étrange, on ne se sent pas du tout a l’aise.
Freedom versus Propaganda !
Dans la DMZ, il y a quand même deux villages d' »irréductibles » aux noms évocateurs ; au Sud le freedom village, au nord le propaganda village. On ne se demande pas quel camp a opté pour ces dénominations tendancieuses. Le freedom village est occupé par 250 personnes je crois, largement subventionnées, exemptées de toutes taxes et qui cultivent quelques parcelles de riz, soja et ginseng.
Une usine commune
Les relations entre les deux pays se sont réchauffées il y a quelques années. Cela a autorisé des retrouvailles familiales entre Coréens du Nord et du Sud, mais aussi des transports de marchandises. Les protagonistes ont également entamé une coopération pour fabriquer dans une usine au nord de la frontière divers produits, exportés ensuite au sud (vêtements, lunettes, montres…).
Le guide qui commentait a présenté cela comme un symbole pour la réunification. Je ne pense pas avoir l’esprit trop tordu en disant que cela permet de la production à bon marché pour la Corée du Sud, pays dont la main-d’œuvre est bien plus chère que celle des « sujets » du dictateur de Pyongyang, la capitale de la Corée du Nord.
Actuellement, les relations ne sont pas au beau fixe entre Nord et Sud. Plus aucune marchandise ne transite entre les deux pays, l’usine a interrompu son activité. Les soldats des miradors continuent leur surveillance de plus belle.
La Corée du Nord à travers des jumelles
Stop sur une colline d’où on peut observer les paysages de la Corée du Nord (beaucoup de montagnes) à l’aide de jumelles payantes – business is business.
La journée s’est terminée à 73 m de profondeur dans un des quatre tunnels découverts au fil des ans, construits par les Nord-Coréens pour tenter une percée vers le Sud. Celui-là a été découvert en 1978 (le dernier a été trouvé en 1990).
Quelques centaines de mètres dans un boyau étroit, humide et bas de plafond… avant de ressortir… à proximité d’un magasin de souvenirs – le business toujours. Mise en condition un peu indécente par rapport à la situation mais, comme j’étais « dans le coin », je voulais aller voir.
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