Pour Katmandou. Voir les mystiques et les sadhus prier à genoux et visiter les temples hindous… Qui se souvient de cette merveilleuse rengaine, interprétée dans les années 70 par Les Enfants Terribles ?
Elle m’encombrait la tête alors que j’atterrissais au Népal. Après seulement vingt petites heures de voyage, je prenais mes quartiers à la Tibet Peace guest house, un peu éloignée – mais pas trop quand même – du centre touristique de Thamel.
Thamel, le quartier où s’entassent hôtels, restaurants, bureaux de change, agences de trekking, magasins de souvenirs, cybercafés, bars avec happy hour où la musique de Bob Marley envahit encore des oreilles très réceptives… Une enclave assez fatigante, très en décalage avec la vie de Katmandou. Mon dernier séjour ici datait de 1994 (en route alors pour le Tibet) ; j’avais oublié les « hello smoke hasch », les « hello do you need a guide ? » Ou encore « one rupee sir ». « I don’t want money, but buy a meal for my little sister, she is a hungry ».
Katmandou et sa cacophonie
Pour en revenir à la Tibet Peace guest House, on y est accueilli par un superbe bougainvillée, on apprécie le jardin, relativement vaste pour cette ville, le calme de l’endroit. Mais, dès que je l’ai quitté ce matin, je me suis trouvé plongé dans l’agitation de la cité. Les véhicules à moteur circulent tous au klaxon. Les vélos et les rickshaws ne sont pas en reste avec les sonnettes. La cacophonie est immédiatement saisissante. Tranquilles au milieu du tintamarre, deux vaches et un veau assurent l’occupation de la chaussée, faisant redoubler les protestations des klaxons.
En bord de rue, s’alignent des maisons de briques dont les ouvertures sont faites de bois sculpté. Au rez-de-chaussée, généralement des échoppes minuscules et basses de plafond (dans certains, on ne peut tenir debout). Aux étages, les habitations avec des fenêtres ou des balcons de bois sculpté. Il existe aussi des horreurs en béton, mais les bâtisses traditionnelles ont dignement résisté…
La vie, tout simplement
L’œil est attiré partout, de même que les naseaux (pour le meilleur et pour le pire, les aficionados de l’Asie peuvent imaginer aisément les senteurs les plus délicates côtoyant des odeurs pestilentielles de détritus et d’eau croupie).
Le nez pas toujours en alerte, j’ai arpenté longuement les ruelles animées du vieux Katmandou pour finalement atteindre Durbar Square. Durbar signifie « palais » en nepali, c’est le cœur historique de la ville. Perché en haut d’un temple en forme de pagode, j’ai passé de longs moments à regarder… la vie ici, tout simplement.
Les vendeurs de fleurs pour les offrandes au temple, les marchands de fruits et légumes, les rickshaws à la recherche du client, les touristes aussi… Il n’y en a pas encore beaucoup (la saison démarre plutôt en octobre).
Peut-être certains ont-ils été effrayés par les nouvelles alarmistes dont la presse s’est fait l’écho au cours des dernières semaines. Une situation politique instable après que les opposants maoïstes ont rompu un cessez-le-feu en vigueur depuis sept mois.
Les affaires vont très mal ici, surtout depuis deux ans (souvenez-vous de l’assassinat collectif dans la famille royale). Le nouveau roi nomme le gouvernement, il n’y a plus de parlement… La population a donc des doléances. Les attroupements sont interdits et on sent une présence policière dans la ville, qui semble continuer à vivre sans heurts majeurs.
Chien renifleur et militaire en treillis
Le dispositif policier et militaire était très impressionnant aujourd’hui à Durbar Square, car il y avait un festival auquel le roi devait partiellement assister. Trois groupes ont été formés par les policiers autour de la place. Femmes et enfants dans un coin, hommes dans un autre, et touristes dans un autre encore.
Chien renifleur et militaire en treillis équipé d’un détecteur de métaux n’étaient pas là pour rassurer. Mais il n’y a eu aucun incident, ni aucune explosion, si ce n’est quelques balles tirées en l’air pour annoncer la sortie de la kumari, une gamine choisie comme « déesse vivante » par les Népalais.
Elle vit recluse avec sa famille dans un palais donnant sur Durbar Square. Ses sorties sont extrêmement rares. On la porte sur un grand char qui arpente les rues de la ville. Il s’arrête en quelques points religieux importants, pour que la kumari puisse apporter sa bénédiction aux lieux… C’est ce à quoi j’ai assisté aujourd’hui. en l’occurrence le terme d’un festival qui annonce la fin de la mousson et l’arrivée de jours meilleurs.
Sur le Népal, voir aussi :
Autour de Durbar square à Katmandou