Journée particulière aujourd’hui. Lorsque j’ai ouvert les fenêtres de ma chambre, aucun bruit de circulation, ni les habituelles vociférations de klaxons. Je n’avais aucune idée de l’heure mais il faisait grand jour. La rue aurait donc dû, comme d’habitude, vomir ses décibels. Pourtant, grand silence!
J’ai appris que les voitures, les taxis, les bus n’étaient pas autorisés a circuler. Les rebelles maoïstes, opposés au pouvoir royal et actifs dans le pays depuis 1996, ont voulu faire de ce jour une journée de manifestation. Depuis qu’ils se sont organisés, les rebelles ont opté pour la violence afin de se faire entendre. Un cessez-le-feu a bien été acquis pendant sept mois cette année, mais les négociations n’ont pas abouti et la trêve a été rompue cet été. Impossible donc de sortir de Katmandou.
Dans le silence, la rue respirait
Une ville que je n’avais jamais vue comme aujourd’hui. À part quelques kiosques vendant du bétel et de la bonbonnaille, des marchands ambulants de pommes qui arpentaient les rues à côté de leur vélo supportant leur cargaison, et quelques téméraires magasins de souvenirs, tous les rideaux de fer étaient baissés, les portes de bois des échoppes désespérément closes (par crainte d’attaques ou de représailles éventuelles). Certes une tension latente mais, étrangement, la rue respirait. Les piétons l’avaient investie. Les enfants y avaient trouvé une aire de jeux inespérée pour des parties improvisées de football ou de badminton, à peine interrompues par de rares rickshaws en quête du chaland. Assis sur les marches de leurs habitations, les gens discutaient…
Habituellement bouillonnante, envahie par les gaz d’échappement de carburant mal raffiné, tissée de rues qu’il est impossible de traverser sans se faire huer par des klaxons furibonds, la ville – du moins en apparence – était calme. Pas d’attroupements ni d’incidents dans les quartiers à travers lesquels j’ai déambulé, ce qui n’a peut-être pas été le cas dans d’autres parties de la ville. Ce soir quelques cafés et restaurants ont rouvert dans le quartier touristique. Il est presque plongé dans la pénombre car peu d’enseignes donnent de la lumière, aucun magasin n’est ouvert.
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