Au revoir Séoul, aujourd’hui c’est le grand départ pour la province. Destination : Jeonju, à trois heures de route de la capitale, qui compte tout de même plus de 600.000 habitants. Célèbre pour son village hanok (avec des maisons traditionnelles en bois, aux toits de tuiles, groupées autour d’une cour). Comme cela, ça a l’air vendeur, il ne reste plus qu’à y arriver et à juger par soi-même.
Grand moment à la station de bus pour acheter mon ticket. J’ai eu un peu de mal avec la guichetière – non anglophone ! – pour qu’on s’entende sur la destination. Le premier ticket qu’elle a émis était pour Cheonju, et non pour Jeonju (subtil, mais j’aurais fait un gros détour). Ma prononciation n’avait pas dû être parfaite… Comme la destination sur le billet est aussi transcrite dans notre alphabet, j’ai jeté un œil et constaté la méprise. Nous sommes finalement parvenus à nous mettre d’accord après que j’ai condescendu à retravailler ma prononciation. J’ai embarqué dans un bus « deluxe ».
Alphabet du XVe siècle
Outre les sons, l’écriture est aussi un sérieux casse-tête, utilisant les caractères chinois pour les plans, les documents officiels, certaines inscriptions… L’alphabet coréen, constitué de 24 lettres est employé pour tout le reste. Il a été créé au XVe siècle.
Avec ces 24 caractères, on compose des syllabes qui, mises à la suite des unes des autres, forment des mots. A priori c’est donc comme chez nous, sauf que… les lettres d’une syllabe ne se suivent pas de gauche à droite.
Exemple : pour reprendre le nom de la ville vers laquelle je me dirige (Jeonju), la première lettre ‘J’ est en haut a gauche ; la deuxième (voyelle double ‘eo’) se place en haut à droite, la troisième, le ‘n’ vient en dessous. Pour la syllabe suivante, le ‘j’ vient en haut, le ‘u’ en bas. Voir le dessin (le mot ‘Jeonju’ y est écrit en coréen) . Les lettres sont symbolisées par des traits et des ronds, avec des signes plus géométriques que les idéogrammes chinois.
Love motel
L’arrivée à Jeonju a eu lieu à l’heure prévue, à l’express bus terminal. Une gare routière comme tant d’autres. J’ai choisi de faire au plus simple pour dormir. La dame du bureau d’information ne parlait pas un mot d’anglais, j’ai donc renoncé à chercher de l’info de ce côté-là et me suis dirigé vers le premier motel en vue. En Corée du Sud, il y en a plein autour des stations de bus.
À l’origine payables à l’heure – ce qui donne une idée de la fréquentation – ils sont maintenant aussi utilisés par les voyageurs. Décor kitsch mais il y a tout ce qu’il faut : frigo, télé à écran géant, magnétoscope (plein de cassettes à disposition sur une étagère dans le hall) canapé table, fontaine à eau chaude et eau froide, lotions en tout genre et distributeur de préservatifs pour « au cas où ».
L’autre option que j’avais été d’aller dans le vieux quartier de la ville (à 3 km environ) et de me perdre dans les ruelles avec mon sac sur le dos avant de tomber sur la perle rare…
Le kibado de mon pici
J’ai fait efficace et, quelques heures plus tard, je ne regrette pas du tout mon choix. Ah, j’oubliais, j’ai pris pour un supplément de 5.000 won – environ 3 euros – une chambre avec un PC connecté à Internet. Là encore, j’ai eu un peu de mal avec la tenancière car elle ne parle pas anglais non plus. On a joué de la calculette pour qu’elle me communique le prix de la chambre, mais, quand j’ai allumé le PC, les caractères que je frappais étaient coréens. Pas moyen d’accéder à un clavier anglais, de trouver l’endroit ou je pourrais changer les paramètres car tous les menus sont bien entendu en coréen. Je suis donc retourné voir la dame et avec des gestes et quelques mots clés, on y est arrivé.
Parmi les mots-clé, il y a PC (prononcer pici comme en anglais) que les Coréens ont importé dans leur langage. Lors de ma passionnante conversation avec la dame, j’en ai appris un autre – mais j’ai mis un peu de temps à le décoder. Il s’agit de ‘kibado’ pour ‘keyboard’ (clavier). Bref, j’ai changé de chambre et ai pu « gribouiller » tranquillement ces quelques lignes en tapant sur le kibado de mon pici.
Maisons hanok trop proprettes pour être anciennes
Rassuré, j’ai pris la route pour le village hanok. Trois kilomètres à travers des rues plutôt bruyantes avant d’arriver dans un quartier assez mort, avec des maisons pour beaucoup trop proprettes pour être anciennes.
Reconstruction à l’identique plutôt que rénovation. Le côté « pas encore fini de payer » ne m’a pas vraiment séduit. Ça manque d’authenticité.
Certaines des maisons sont censées être occupées par des artisans que l’on peut observer travailler (fabrication de papier, confection de poupées, calligraphie, confection d’éventails…) mais ils ont dû prendre des vacances bien méritées – on est franchement hors saison. Je ne suis tombé que sur un atelier ou des femmes faisaient des poupées. Pour ajouter à l’ambiance un peu plombée du moment, il y a de la pluie/neige fondue depuis trois heures, ce qui ne décuple pas le plaisir de la balade. J’avais prévu de rester deux jours ici (prudent, je n’avais réglé qu’une nuit à la tenancière du motel) mais je repars dès demain. J’espère que la prochaine étape sera plus agréable.
Sur la Corée, voir aussi :
Musée sans murs. Balade à Geyongju
Pourfendeuses de calamars. Au marché aux poissons de Jagalchi
Coup de bambou. Au musée de bambou de Damyang
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