battage du riz au Bhoutan. © Gildas Bellet

Une danse pour le cycle du riz

affiche du spectacle Rice au théâtre de la Ville par le Cloud gate dance theater de TaïwanBase de l’alimentation du continent asiatique, le riz en façonne les paysages. Sa culture en plusieurs étapes fait appel à une main-d’œuvre abondante. Et ce pour la préparation de la terre avec labourage des parcelles, la pousse en pépinières, le repiquage, la moisson, le battage. Ces tâches sont souvent encore réalisées de manière traditionnelle dans des pays où le recours à la mécanisation est financièrement problématique ou inenvisageable en raison de reliefs hostiles. Ce cycle du riz a été chorégraphié par Lin Hwai-Min, directeur du Cloud Gate Dance Theater, compagnie de danse contemporaine taïwanaise. Elle présentait son spectacle, sobrement intitulé Rice, au Théâtre de la Ville à Paris pour sa première en France.

Pénibilité de la culture du riz

Les danseurs ont travaillé avec des paysans pour s’imprégner de leurs gestes. Et, dès le début – très lent – du spectacle, ils se ploient et déploient une danse ancrée dans le sol. Ils transmettent à travers leurs mouvements le quotidien de villageois évoluant dans une terre inondée et lourde. L’esthétisme de la chorégraphie, porté par de somptueuses images de rizières projetées en fond de scène et sur le plateau (champs en cours d’irrigation, épis ondulant au vent, terre brûlant après la récolte…), lisse cependant la pénibilité de cette pratique agricole.

Le chorégraphe  a construit la pièce comme une succession de tableaux (terre, vent, pollen, soleil, semence, feu, eau). Elle entraîne le spectateur occidental dans une tradition asiatique magnifiée par 24 danseurs contemporains formés aussi aux arts martiaux, au ballet, au qi gong.  Des hommes font vibrer de longues tiges de bambou (utilisées par les paysans pour éloigner les oiseaux). Des femmes utilisent ces joncs pour symboliser la mort des plants de riz. Et des duos homme/femme déroulent leurs mouvements autour de ces bâtons flexibles…

Une heure dix pour assembler les pièces du puzzle de ce cycle. Les  choix musicaux sont disparates. Ils proposent des chansons traditionnelles du peuple hakka, des vocalises du compositeur japonais Maki Ishii et, plus incongru, Casta diva de l’opéra Norma de Bellini ou la symphonie n° 3 de Gustav Malher. Le riz ferait-il donc des yeux trop doux à l’occident ?